Nouveau et dernier message sur ce blog, le 21 avril 2007

Nous voici au terme de cette merveilleuse aventure. Un voyage de rêve, et des rencontres qui ne le sont pas moins. Véritable ressourcement humain, qui s'est concrétisé par notre dialogue en direct entre les étudiants des 2 écoles de Banfora et de Fribourg.
L'impact de cette expérience atteint ici un niveau que je n'aurais pas soupçonné. L'émotion des étudiants faisant face à leurs homologues suisses par le biais d'un outil qui ne leur est encore que trop peu connu était très palpable. Ils en perdaient parfois les mots, tremblaient même d'émotion. Le répondant de nos jeunes, pourtant habitués aux chat, m'a paru également très empreint d'amitié. Quelle bel échange, merci à ces jeunes, qui seront les garants d'une qualité de vie à améliorer entre des cultures si éloignées économiquement, mais si proches humainement.
Je n'ai pas eu le temps de traiter les dernières images de mon séjour, et mets ainsi un terme à la narration de ce voyage, qui va se terminer demain par mon déplacement vers Ouagadougou, où je vais prendre le vol de retour...
Merci à tous ceux qui m'ont suivi et soutenus, et qui m'ont permis de retrouver l'énergie nécessaire, dans les quelques moments qui ont été, même si je ne les ai pas relatés, parfois très "difficiles"...
à suivre... (mais cette fois-ci, pas sur ce blog, mais en réalité!!!)
Amitié

Quelques vidéos

Voici quelques vidéos de la vie sur place (cliquer sur la vidéo pour la lancer):


Fabrication de la bière de mil (le dollo) dans un "cabaret" de Bobo:



Récolte du bandji, jus produit par un arbre nommé rônier:



La maman porte presque en permanence son bébé dans le dos, dans toutes ses tâches quotidiennes:

Préambule

Les aléas de la vie m'ont permis de découvrir le Burkina Faso et le Bénin, et d'y nouer des contacts particulièrement chaleureux. J'ai pu me plonger dans une réalité qui ne nous est connue que par textes interposés, donc sans ressenti (comment faire apprécier le goût d'une mangue avec des mots???).
Ces mêmes aléas de la vie, professionnelle cette fois-ci (vacances supplémentaires offertes après 25 ans de fidélité à l'entreprise-Etat en tant qu'enseignant), me donnent l'opportunité de repartir pour le Burkina Faso, par la route, en prenant le temps.... ô, le temps, quelle richesse!
Mon souhait est de pouvoir faire entrer en contact des étudiants d'un pays du Sud et d'un pays du Nord.... voici le début d'une aventure humaine...

Itinéraire

Voici en gros l'itinéraire prévu:

départ le mardi 27 mars pour Sète, nuit dans la région, puis départ du bateau mercredi 28 à 19h. Après 36h de navigation, arrivée à Tanger.

le Maroc du Nord au Sud (Sahara Occidental), 5-6 jours

la Mauritanie jusqu'à Noukchott par la côte, puis la "route de l'espoir" jusqu'à Aïoun el Atrous, et direction plein sud vers le Mali, 4-5 jours de prévus

traversée du Mali par Bamako (en 3-4 jours), puis arrivée au Burkina Faso, par l'ouest, dans la région de Bobo Dioulasso où j'ai séjourné il y a 6 ans. Le lycée de contact se trouve à Banfora. Je vais y séjourner jusqu'au 22 avril, avant de rejoindre Ouagadougou où je prends l'avion du retour le 23.

Carnet de route

Avant le départ:

Depuis des semaines, les préparatifs vont bon train: contacts avec des donateurs potentiels, consultations de forums de voyageurs dont l'excellent voyageforum, course aux vaccins et potions préventives, renseignements administratifs... bref, préparer la scène pour permettre aux acteurs du voyage de jouer leur opéra naturel...

Un grand merci à tous les "petits" donateurs d'habits et de matériel scolaire. Je me permets de les citer pour leur aide, d'autant plus qu'ils contrastent avec les "grandes" surfaces de Fribourg que j'ai contactées, et dont certaines n'ont même pas daigné envoyer une simple réponse. Eh oui, ça peut donner à méditer sur les valeurs des uns et des autres... Je remercie donc ma famille, mes collègues, l'imprimerie St-Paul et La Liberté, Fricopy, Baechler informatique [fin de pub!!!] qui ont contribué à me permettre de "remplir" ("bourrer" serait plus adéquat) ma voiture.

27 -28 mars, Fribourg-Sète (630 km):

L'embarquement a lieu le mercredi 28 l'après-midi, donc déplacement la veille pour se la faire cool, aprés un départ un peu stressant... impossible de mettre la main sur mes comprimés anti-malaria! La voiture est déjà dans la colonne d'embarquement ce matin, et j'en profite pour faire quelques courses et savourer les derniéres heures européennes. J'avoue quand même un peu d'appréhension à aborder ce périple africain en solitaire. Mon principal soucis est la quantité folle de matos que je transporte, et que je ne pourrais pas emporter si un problème survient à mon carrosse...

28-30 mars, Sète-Tanger en bateau:

36 heures de mini-croisière, avec une ambiance préparant merveilleusement à l'entrée dans le monde musulman, avec sa musique et la vie colorée de ses habitants. Traversée faite de rencontres de tous genres, comme ce français qui va faire la même route que moi, mais en 7 jours, ou ce groupe de jeunes que leurs éducateurs entraînent dans la solitude du désert en guise de thérapie, ou encore cette poignée d'allemands ventrus avec des caravanes tractées par des super-mercedes, sans oublier bien sûr tous les marocains qui rentrent au pays, et qui animent les soirées avec enthousiasme.

30 mars, Tanger-El Jadida (430 km):

Journée émaillée d'une succession de spots, je te la décris aussi avec des flashs:

Arrivée au port, formalités d'usages... mais contrairement à ce qu'on m'avait dit, le tout a duré plus de 3 heures. Fausses infos qui m'ont obligé de retourner sur le bateau pour faire un contrôle qu'on m'avait dit pouvoir effectuer après, douaniers complètement désorganisés qui courraient d'un véhicule à l'autre dans un hasard des plus aléatoires, ou seulement en apparence, parce que des rabatteurs qui recevaient un bakchich allaient leur indiquer quels véhicules contrôler en priorité... eh oui, on y est plongé tout de suite dans l'ambiance... bakchich, le mot magique... souvent prononcé aussi "cadeau"... ça fait partie du jeu et se pratique avec la meilleure des humeurs. Et même chez les douaniers... eh oui, je t'assure!!!

Pour rejoindre El Jadida, une autoroute très roulante, à condition de respecter les vitesses. 7 contrôles de vitesses, avec tout le comité d'accueil, ça peut faire cher le parcours. Certaines "grosses" voitures m'ont doublé à plusieurs reprises, je les repassais aux contrôles. Soit ce sont des gens qui savent marchander ou ont des passe-droit, soit ils considèrent qu'il y a le tarif normal pour les gens qui respectent les vitesses (env 20 Frs en tout de péage), soit ils décident que les amendes sont un tarif supplémentaire pour aller plus vite... mais juste plus vite, pas plus rapidement, au vu des haltes forcées...

El Jadida, superbe ville avec un ancien bastion portugais. Animation complètement folle le soir, souks et marchés de rue surpeuplés... on est bien en Afrique, j'aime ça... ses odeurs, ses saveurs, cette frénésie, cette "anarchie organisée". Je suis descendu à l'hôtel Royal, conseillé par le Routard. Accueil très sympa, avec le fils du patron qui m'a emmené vers un petit garagiste du coin pour faire un ultime contrôle de routine au véhicule avant de foncer vers le Sud.

Je souhaite de bonnes vacances à mes collègues. Merci à ceux qui m'encouragent par leurs messages...

31 mars - 1er avril, El Jadida - Guelmin (750 km):

Le matin du 31, petite ballade dans la ville, puis une bonne partie de la matinée à travailler sur les images et à compléter le blog. Ensuite, une vidange de la voiture, ce qui m'a amené jusqu'à l'après-midi. Je voulais rester sur place encore un jour, pour acheter un billet d'avion pour le retour à l'agence d'Air Maroc... damned, c'est fermé pour 3 jours, fête musulmane oblige. Donc, départ vers le Sud, où j'ai fait étape à Safi après 250 km env. Copieux repas (le seul de la journée, je pense que j'vais perdre des kilos!!!), et connaissance avec un mec complètement déjanté, un ancien militaire des services secrets français... Je me suis donc régalé dans tous les sens du terme, culinaire et anecdotique.

Dès le matin du dimance, route prévue pour toute la journée. Quelle horreur, une bêtise de débutant, j'ai oublié de faire le plein, et me rends compte que je n'arriverai pas à la prochaine station certaine avec ce qui me restait. Fête oblige, toutes les stations de petits patelins sont fermées. Décision, retourner après 30 km... et ouf, une station ouverte. Petite heure de perdue, mais quel soulagement. Je craignais déjà de devoir poirauter 2 jours!
La route, peu agréable. Entre les nids de poules, les limitations fantaisistes à 60 km/h sur de lignes droites et les zones de cols, impossible de faire plus de 50 à 60 à l'h de moyenne, d'où une journée entière pour parcourir 500 bornes.

Mais alors, quel spectacle. Je suis au cinéma, l'écran étant le parbrise, et le film une succession de plans sublimes d'une nature toujours plus sèche. Jusqu'à arriver à la porte du désert, tout près de Tan Tan, dans un patelin nommé Guelmin.


Soir de fête musulmane encore, féérie de vêtements tous plus gracieux les uns que les autres, portés par des véritables fées, la plupart bèrbères... je pars de ce pas continuer à admirer cette magie....

Au fait, c'est vraiment cool les messages que vous m'envoyez, ça fait chaud au coeur (oups, bien qu'ici, c'est pas vraiment le froid polaire!!!).
Voilà, je suis aux portes du désert...


2 avril, Guelmin - Laâyoune (450 km)


Qu'écrire pour transmettre cette sensation d'immensité, cette route qui nous plonge dans un autre monde, minéral, aride, presque mystique ? Les dunes aux formes si féminines caressant la route, le vent qui déssèche la gorge, le désert épousant les lignes de la mer, à moins que ce ne soit l'inverse... L'approche pour arriver jusque-là était longue, belles étapes de découvertes, mais rien de tel que cette progression qui ressemble à un chemin initiatique.

Des kilomètres de solitude dans ces espaces, et soudain, après de multiples panneaux qui nous les annonçaient, un troupeau de dromadaires... il faut vraiment être attentif, ils "sautent" sur la route! Plus loin, un marcheur solitaire, mais où va-t-il? Le prochain patelin se trouve à des dizaines de km... mystère!!! Un virage, et dune tire sa langue sur l'asphalte. On a les congères de neige, ici c'est le sable... même effet! Et régulièrement, positionnés très arbitrairement, des contrôles policiers. J'en ai passé 4 ou 5, dont un particulièrement pénible, avec un petit "merdeux" qui devait s'être fait engueuler par je ne sais qui... Il s'amusait vraiment à me prendre pour un con, et t'as avantage à te la coincer, sinon tu te le coltine pendant des heures!! Sinon, tous les autres, très cool et souriants.


Je me suis arrêté à Laâyoune, grande ville du Sahara Occidental, ou plus présisément à sa ville-côtière. Je pense qu'ils ne doivent pas voir tant de touristes ici, presque personne ne sait le français d'ailleurs. C'est la fête de l'anniversaire de naissance du Prophète, donc presque tout est fermé. Je me régale d'un plat traditionnel dans une gargotte qui ne l'est pas moins... excellente tajine! Laâyoune est bourré de militaires et de soldats de l'ONU, étant la base des forces de paix faisant la lutte contre le front de libération du Sahara Occidental... mais tout s'est bien calmé depuis quelques années.


3 - 5 avril, Laâyoune - Nouakchott (1300 km)


Eh ben!!! ça fait 3 jours que je cherche un cyber qui fonctionne autrement qu'à la pédale... Enfin trouvé. C'est la réalité de ce qu'on appelle la fracture numérique!
Donc, 3 étapes d'un seul coup, et quelle étapes, mes amis!!!


Les 2 premières, le 3 et le 4, m'ont conduit au travers le désert du Sahara Occidental. J'ai fait halte à Dakhla, sur une péninsule. Inutile d'essayer de décrire les paysages traversés, c'est intranscriptible. Si tu aimes admirer les fresques que la nature dessine sans cesse, tu ne peux qu'être aux anges! En tout cas, je jubile tout seul dans mon carosse... sourire...

L'après-midi du 4, passage de la frontière Maroc-Mauritanie. Il faut franchir un no-man's land d'env 4-5 km, sur une piste cahoteuse, sans aucune indication, et plein de risques de se perdre dans des culs-de-sacs en terrains minés (paraît que des anglais ont "explosé" l'année passée). Donc, prudemment, je me suis mêlé à une file de voitures qui attendaient. Intrépide oui, mais débile, non!

2 heures et demie de tractations, de palabres, d'attentes que les douaniers aient fini de manger, de re-palabres plus tard, je me trouve en Mauritanie, destination Nouadibouh, à l'extrême nord, pour passer la nuit.

C'est au petit matin de ce jeudi 5 que je prends la route pour Nouakchott, où se trouve enfin ce cyber!

Je dois encore passer à la sécurité nationale pour prolonger mon visa, qui n'est plus octroyé que pour 3 jours à la frontière, ce qui ne me suffit pas pour la route de l'espoir, vers l'est, vers le Mali.

Hier, quelques éléments symboliques ont été franchis.. d'abord le tropique du Cancer, puis le 3ème mille km de route (je ne compte pas le bateau), qui correspond à peu près à la mi-parcours. Eh oui, j'ai passé la moitié... oulala que c'est long! Mais si magnifique. Tiens, si hier je traversais des paysages lunaires, ce matin, c'était carrément vénusien... serpent sillonnant entre les dunes, un vent fort souffant du sable sur la route comme un voile éphémère... c'était presque un peu angoissant parfois...

Après ce long périple le long de la côte, les prochaines étapes vont me diriger vers l'intérieur. Jusqu'ici, que de bonnes sensations. La priorité est au spectable des paysages. C'est pratiquement impossible de faire des rencontres, quand on passe si furtivement. Quelques mots échangés avec d'autres baroudeurs le soir en mangeant, et c'est tout. Pour les contacts avec les locaux, il faut rester plus longtemps, et ce sera l'aspect de la deuxième partie, au Burkina Faso.

Je vais traiter les images de ces derniers jours ce soir, et si je suis encore ici demain (tout dépend des papiers), je les mettrai en ligne. Sinon, j'attendrai de trouver un cyber ok sur la route de l'espoir, qui porte bien son nom dans ce cas... sourire...

Amitié à tous ceux qui me suivent de loin, je vous envoie un peu de ce rêve éveillé... le seul élément vraiment réel étant ce cordon d'asphalte de 7 m de large qu'il vaut mieux suivre scrupuleusement...


Ceci dit, entre nous, il y a quand même quelques moments où la solitude pèse un peu, surtout le soir, aux étapes, à table... surtout qu'ici, on ne peut même pas se désaltérer avec une bière, dans ce pays scrupuleusement coranique.

6 avril, Nouakchott - Kiffa (650 km):


C'est parti pour l'intérieur des terres, plein Est, direction la chaleur, le long du Sahel. Le ruban de bitume se déroule très bien, entouré d'images superbes, encore et encore... dunes, steppes... Avec toujours ce même problème, rester concentré pour éviter les pièges surgissant à tout moment, surtout quand on ne s'y attend pas, chameaux (ils disent tous chameau, mais en fait ce sont des dromadaires), vaches, chèvres... ah celles-ci, elles ont des réflexes vraiment inattendus, tu ne sais jamais dans quel sens elles vont courrir, ce que c'est con une chèvre!!! J'ai failli en exploser 2, mais on n'a pas choisi le même itinéraire, tant mieux pour elles. Quant aux chameaux, on a largement le temps de les voir venir, ces seigneurs du désert, majestueux, à la démarche tranquille et fière... par contre, inutile d'espérer les voir s'arrêter quand ils ont décidé de traverser! Les plus cool, ce sont les ânes. Ils restent plantés sans broncher, nullement effrayés par le passage des voitures, placides, vas-y que j'te pousse!!! Tous n'échappent pas au massacre, les bords de routes sont jonchés de cadavres pourrissant au soleil, et ça se sent!!!


7 avril, Kiffa - Bamako (850 km):


Quelle étape de merde, excuse-moi de l'expression. Une route bourrée de nids de poules entre Kiffa et Ayoun, où sur 40 bornes, on doit pratiquement rouler au pas. J'en ai bousillé mes amortisseurs, d'ailleurs, peu de voitures les ont intacts. Avant Ayoun, un moment de répit, dont la partie de route superbe qu'ils ont construite pour rejoindre le Mali. Où ça se gâte, c'est après Dieni, où la construction de la route avance, certes, mais il reste environ 80 km de tôle ondulée. C'est une horreur, mais haletant à la fois. Est-ce que la voiture va exploser, une pièce tomber? Tellement ça secoue. Il faut rouler à plus de 60 km/h pour rester sur le sommet des ondulations, sinon c'est encore pire... mais à cette vitesse, la route, que dis-je, la piste devient une savonette. Difficile de décrire l'ambiance quand on croise un camion à vive allure, qui laisser tant de poussière qu'on roule à l'aveugle pendant quelques dizaines de mètres. 1h et demie de calvaire, avec une satisfaction d'être arrivé au bout, ouf, une respiration, plus que quelques hectomètres, et hop, catastrophe. Une barrière fermée au milieu de nulle part, sans avertir. Heureusement que j'étais pas à plus de 40 à l'heure, mais impossible de l'éviter sur ce sable. Résultat, je me la suis prise en plein pare-brise. Briqué ! Obligé de l'enlever. Avec l'aide de quelques locaux qui ont fourni le marteau, on a éliminé cette vitre protectrice. Que faire? J'ai choisi de finir sans pare-brise, sur les 800 km qui me restent jusqu'à Bobo-Dioulasso. Mais étape à Bamako, où je suis arrivé vers 22h, et trouvé une piaule après avoir déambulé au hasard de cette ville énorme, et dont je te laisse imaginer l'ambiance et la facilité de circuler. Je me suis enfilé 3 grandes bières avant d'aller roupiller, en espérant que personne n'allait piller mon matos, puisque la voiture était bien sûr ouverte... mais pas de problème, des gardiens de l'hôtel veillaient. Eh oui, c'est aussi ça ce genre d'aventures... ça aurait pu être plus grave, donc soulagé quand même.


8 avril, Bamako - Bobo Dioulasso (600 km):


A part le fait de rouler sans protection, donc comme si j'étais en moto, et bien sûr une attraction dans les villages traversés, la route est superbe. En plus, il est interdit de rouler sans pare-brise au Mali, et j'ai passé de longs moment de palabres aux nombreux postes de contrôles de gendarmerie... à l'africaine... t'attends qu'ils prennent une décision, que tu espères positive. Dans un premier temps, on te dit de laisser le véhicule sur place... alors attente, re-palabre, faire l'humble, essayer de plaisanter, attendre encore.. soudain, un éclair dans le cours des discussions... quand j'ai dit que j'emmenais du matériel pour une école, sourire du boss du poste, et en un clin d'oeil, tous ses sbires ont été mis à l'ordre, "laissez-le passer, il aide l'Afrique"... ouf!! Après, en relatant cet épisode aux prochains contrôles, j'ai réussi à les persuader de laisser passer aussi, mais oulala que c'est un apprentissage de la négociation super efficace.


Quelques km encore, et c'est la frontière du Burkina Faso. Là, pas de problème (plein de formalités, bien sûr, mais je pouvais continuer, c'est l'essentiel).


C'est en fin de journée que je me suis pointé dans la cour des Ouatara, la famille où je passe quelques jours avant de partir sur Banfora. Le temps de régler les formalités pour le don de la voiture à Idrissa (on le voit avec sa famille sur la photo), et surtout de réparer le pare-brise.

Voilà la fin de cette route, après 5800 km de parcourus. Plein d'images! plein de souvenirs de passages furtifs!


Maintenant, 2 semaines de vie avec eux, à Bobo et à Banfora...

Infos pratiques (pour ceux qui voudraient faire cette route)

Bateau Sète-Tanger:

J'ai choisi le bateau, car voyageant seul, ça doit pas revenir bcp plus cher que de "rouler" l'Espagne, quand on compte tout.
Billet réservé 2 jours avant par téléphone chez Euromer. Touché sur place à Sète sans problème (je pense qu'en période touristique c'est moins évident). Prix: 303 € tout compris (voiture et cabine "partagée", pension complète). Il y a 2 classes de confort. La première est avec repas au restaurant, vite complet, donc il vaut mieux réserver assez tôt. Je n'ai eu droit qu'à un ticket pour la cafétéria, domaine de la tambouille et du service minimum. Pour le même prix.
Ne pas oublier de faire les formalités d'entrée au Maroc déjà sur le bateau. Il y en a 2, une pour le véhicule, l'autre pour le passeport. (je n'en avais fait qu'une ce qui m'a obligé de retourner au bateau!)

Arrivée au Maroc:

Si c'est la première fois, aller au bureau de douane pour recevoir un numéro sur le passeport. Bureau de change sur place, on a largement le temps pendant l'attente pour le contrôle des véhicules.
Aucun problème de sécurité (si on se comporte cool bien sûr). Pour stationner les véhicules, les "gardes de voitures" sont presque toujours disponibles.

Route Tanger - Tan Tan:

Autoroute vers le Sud (et routes en général), attention aux limitations de vitesse, c'est TRES contrôlé. L'autoroute est à péage (env 120 DH). Conduire, particulièrement en ville, est un peu plus "chahuté" qu'en Europe!!!

Depuis El Jadida jusqu'à Agadir, pas compter dépasser plus de 60 km/h de moyenne. Nids de poules et route défoncée sur 10 km à 30 km au sud de Sifa. On y roule au pas. Plus loin, avant Agadir, très "tournant", on est au pied des montagnes, donc cols nombreux.
Au moins 10 contrôles de police sur ce trajet, mais je ne me suis jamais fait arrêter.

Depuis Agadir, bcp plus roulant, et paysages superbes. Juste avant Tan tan, début des contrôles policiers. Attention, s'arrêter impérativement au panneau "halte", et attendre le signe pour avancer, même si les policiers se trouvent à 50m. Je me suis fait enguirlander par un petit parce que j'ai roulé vers lui, même au pas, sans son accord. Mais en général, ils sont cool. Prévoir des fiches mentionnant les coordonnées, ça gagne du temps.

Route depuis Tan tan:

Superbe, bien roulante (à part le temps perdu à ces nombreux contrôles), et paysages magnifiques. Ce serait dommage de rouler trop vite, tant c'est beau... mais bon, c'est très très très long, donc si on aime, on en a pour un moment!!! Attention aux dromadaires et autres ânes, chèvres et chiens... Des piaules "partout" (ça veut pas dire tous les 2 km!) sur le parcours. J'ai fait 3 jours pour ce parcours, mais c'est faisable en bien moins de temps. Compter avec une moyenne entre 70 et 90 km/h (selon les arrêts, et en respectant à peu près les vitesses). Paraît-il qu'il n'y a plus de contrôle de vitesse après Laâyoune, mais j'ai pas pris le risque.

Frontière Maroc-Mauritanie:

Le Routard décrit bien la situation. Dans le no man's land, la première fois, c'est mieux de suivre des voitures qui font le parcours, pour pas se perdre. La piste secoue un peu, mais c'est jouable.
Attention, petite nouveauté pour le visa mauritanien. Il n'est délivré que pour 3 jours, mais ne coûte plus que 10 euros. Si nécessaire, le prolonger à Nouakchott, à la sécurité nationale (10 euros).

En Mauritanie;

aux contrôles de police, très nombreux, ralentir fortement au panneau stop (écrit en arabe, mais il est bien reconnaissable, rouge octogonal souvent). Contrairement au Maroc, le panneau n'est pas toujours précédé des limitations de vitesses, et surgit soudain. Il faut donc planter sur les freins... eh oui... ensuite, avancer lentement vers le contrôle (Pas besoin ici d'attendre le signe) et se garer sur le bas-côté à droite, ils adorent ça! C'est de petits trucs, mais ça évite des remarques et des propos narquois! Ils sont détestables, ces flics mauritaniens... ils veulent absolument des "cadeaux". Je ne leur ai jamais rien donné, quitte à attendre qqes minutes. Faut être ferme, mais surtout souriant. Quand ils demandent quel cadeau tu vas donner, je leur répondais en me marrant "mon sourire"... avec ceux que j'ai rencontrés, ça a marché!
La route est bonne, à part sur 2 tronçons:
- une quarantaire de km avant Kiffa, sur 10km, nids de poules, virant parfois aux nids d'autruches (!)
- entre Kiffa et Ayoun, le désastre
Depuis Ayoun, route toute nouvelle vers la frontière (ne pas la rater à droite, en passant Ayoun)
Passage de la frontière sans problèmem possibilité de prendre le visa du Mali sur place, mais c'est moins cher de le prendre à Noukchott.

Au Mali:

On oblige de prendre un laissez-passer touristique qu'il faut bien sûr payer.
Tronçon difficile sur les 80 derniers km avant Didieni. La route est en construction, il faut rouler sur une piste de "tôles ondulées". Conseil, rouler entre 60 et 80 km/h, moins ça secoue encore plus, et plus tu pers le contôle du véhicule sur ce qui devient une savonette. Au début, ça impressionne un peu, surtout quand on croise, mais en 80 km, on a le temps de s'adapter... ;-)
Peu de contrôles policiers, à part au Sud où la gendarmerie est omniprésente.
Après Bamako, bonne route (par Ségou).


Au Burkina Faso:

Visa pris directement à la frontière, sans problème (10000 CFA). Validité de 7 jours, à prolonger soit à Bobo, soit à Ouaga. Laissez-passer pour le véhicule à la douane, on ponctionne 5000 CFA de plus.
Petit détail qui peut rendre service: à un stop, il ne suffit pas de marquer l'arrêt, mais rester quelques secondes arrêté avant de repartir. Sinon......

Mon séjour en Afrique

à Bobo Diaoulasso, chez Idrissa:

Après ce long périple, je passe quelques jours dans la famille de mon ami Idrissa, à Bobo Dioulasso. Il règne une chaleur d'enfer, c'est la saison la plus chaude de l'année. Même eux souffrent, c'est dire!!! Par contre, le "blanc" supporte assez bien, ce qui les étonne un peu quand même... mais c'est au prix d'un abreuvage fréquent et abondant... sourire...
La vie dans la cour est une occasion de partager intimement la vie de cette famille, ou plutôt de ce "clan", puisque ce sont plusieurs familles des enfants du "vieux" qui sont réunis chacune dans une ou 2 maisons entourant la cour centrale.
J'ai fait un petit film que j'ai essayé de télécharger sur Youtube ce matin, mais la connexion était trop lente. Je vais réessayer demain ou après-demain, depuis Banfora.
J'ai passé ces 2 premiers jours ici à arpenter les bureaux avec Idrissa, pour régler les formalités de la voiture. Quelle bureaucratie!!! On arrive au bout de nos peines, il n'y a plus que 2 étapes à franchir, et demain, c'est le départ pour Banfora.
Tout va bien...

à Banfora, chez Haoua:

Hier jeudi, je suis arrivé au terme réel du voyage, dans la petite ville de Banfora. J'y suis venu avec le frère d'Idrissa, et je loge dans la cour de la famille de sa soeur Haoua, institutrice, qui m'avait mis en contact avec le responsable régional de l'enseignement secondaire, avec qui j'ai rdv ce soir. Le petit dernier d'Haoua est à croquer, non?

Dans la journée, je vais prendre contact avec le lycée provincial, et on verra bien ce qui va se passer...
Ce matin, vendredi 13, on a subi un orage tropical à décorner les antilopes! Il n'a duré qu'une heure, mais ça a permis d'inonder les pistes, et de rendre les déplacements un peu "difficiles". Mais tout rentre dans l'ordre très rapidement. A propos d'antilope, j'en ai mangé hier pour la première fois, c'est excellent...
Je crains qu'il ne sera pas possible de charger mon petit film, je vais essayer encore depuis le lycée... et pour les photos, ce sera aussi très long. Les vitesses de connexion ici sont particulièrement lentes, mais ce serait en constante amélioration, tant mieux.....
Jusque-là, tout va bien! Profitez bien de ces derniers jours de vacances.... sourire

18 avril:
ça fait une semaine que je suis à Banfora, et je passe une bonne partie de mon temps à trouver une solution pour la transmission en direct entre le lycée Lompolo et l'ECG, samedi prochain. En outre, j'ai même donné des cours "fri-tic" (banfora-tic) à des enseignants ici... mais ça me laisse quand même bien du temps pour savourer le plaisir de partager la vie africaine.

Merci à la famille d'Haoua pour cet accueil chaleureux.

Tout va bien, et je remercie tous ceux qui m'envoient des messages d'encouragement... vous êtes coooooooool.... à tout bientôt...